11 juin 2013
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en cette période d'examens, peu de temps pour bloguer.
néanmoins ces derniers temps, il m'arrive de jouer des morceaux de Chopin en "récréation" dont la fantaisie-impromptu que tout pianiste à partir d'un certain niveau rêve de jouer, et bien
jouer !
attention : paragraphe "langue de pute"
qui ne savonne pas sur les traits véloces de la main droite sur vague -quelque peu agitato- de la main gauche dans ce mélange charmant de 3 pour 4 ? même les pros ont quelques appréhensions !!
cela me rappelle le concert d'un jeune pianiste, lauréat d'une bourse de banque, qui jouait plutôt bien. tout son programme avait été, semble-t-il, soigneusement rôdé. puis vint le
moment du bis où le pianiste se lança dans cette pièce, l'air de dire "vu comme je joue bien des musiques difficiles, je peux tout jouer sans me poser de questions" et là, erreur : les petits
défauts de l'enfance réapparaissait. c'était mignon ! ;^)
quelques astuces pour mieux gérer les traits de vélocité.
d'abord, faire "chanter" la ligne de vélocité : c'est une mélodie ! arrêtons d'aligner les notes comme autant de balles de
kalachnikov ! essayons de faire progresser chaque cellule de son premier point à son dernier point (première cellule main droite : SOL# la sol# fa## sol# do# mi ré# do# ré# do# si# do# mi SOL#) puis
relier les cellules entre elle : au lieu de les enchaîner à la kalachnikov, faire évoluer chaque cellule comme l'opération sus-décrite. essayez de chanter au clair de la lune de façon saccadée,
sans beauté : c'est la kalachnikov. chantez le de la plus belle manière, bien lié : c'est de la mélodie !
on peut compléter ce travail avec un peu d'analyse, par exemple la 1ère cellule (se focaliser sur la 1ère cellule de la main droite devient vite un défaut, on ne rejoue que ça et pas le reste
=> ATTENTION ! ou bien "uwaga" comme aurait peut-être dit Chopin (ouvaga)) : il s'agit d'une double broderie autour d'une note-pivot qui offre des dissonances bienvenues ici : sol# la sol#
fa## puis un renversement de l'accord de tonique de do# mineur empoyé à la manière de Chopin : enroulement de la main et apoggiature vers ré# et ce schéma, cette période est
reprise plus haut sur l'état fondamental de l'accord sus-nommé.
oui, cela fait beaucoup de mots, mais plus vous pouvez être précis sur ce que vous jouez, décrire le phénomène, plus les fichiers se rangent correctement dans la "tour de contrôle" ;^)
ensuite quelques données technico-acoustiques :
- partez bien de la basse (la première note de chaque pulsation est à entendre à la main gauche et non à la main
droite), entendez bien sa progression horizontale en lien avec la main droite (la première note de chaque sextolet) sentez le balancement tranquille qui vous empêche de paniquer/perdre le
contrôle main droite.
- écoutez tout le sextolet et pas seulement la basse : faites-en une mélodie, ne le faites pas passer par-dessus la main droite mais ne la négligez pas. elle a une forme de " U à l'envers"
=> faites sentir ce "dessin", la courbe, de manière acoustique. Ensuite, mélangez bien l'harmonie qui s'en dégage avec le trait de main droite. PAS deux mains juxtaposées mais deux mains
qui se mélangent dans le son, tout en gardant une hiérarchie sonore répondant au "que doit-on entendre principalement ?"
- assurez-vous que les 2 pouces se rejoignent en même temps quand c'est le cas. (on parle de connexion des 2 mains entre elles)
voilà déjà quelques détails.
personnellement, j'arrive à en donner, si je suis bien concentré, quelque chose de pas trop affreux. détaillé sans atteindre la sonorité d'une horlogerie, ce n'est pas le but, l'idéal sonore pour
cette pièce ! (d'après moi)
cette pièce de Chopin me fait penser à une chanson de Barbara, comme si elle chantait la main droite, dans une ambiance de pluie. la main gauche qui commence sonne comme des nuages noirs
annonçant la pluie ineluctable, et 1, 2, 3 gouttes apparaissent, avant que ne surgisse "les cordes du ciel" et mouillent intégralement la chaussée. c'est une chanson triste comme en chante
Barbara parfois, "mon père" par exemple, avec une partie centrale et une coda consolatrice après cette pluie qui tombe dans mon coeur : comme si tout à coup le soleil apparaît derrière les
nuages chargés et fait apparaître un arc-en-ciel.
pour finir, je dirais qu'il y a un élément sur lequel il faut bien plus réfléchir que les traits véloces : c'est la mélodie en réb majeur qui ne s'arrête ni sur la première blanche, ni sur
la deuxième, sommet de la mélodie, mais continue jusqu'à la descente et savamment coupée à partir du sib de la main droite, comme contenant encore un peu de ce déchirement intérieur. je trouve
cela difficile à rendre dans la progression. il me faut encore le soigner !
à bientôt !