yop !
en ce moment, l'humeur est plus calme, voire un poil chagrine. ce billet est donc légèrement ouin-ouin ! ouiiiin ^^
récemment, j'ai repensé à mes vacances, et les quelques moments d'échange avec les gens rencontrés sur le chemin et plus largement dans d'autres circonstances quand on évoque la vie professionnelle.
"ah, vous êtes pianiste ?"
ce sont souvent des instants où je ne me sens pas à l'aise. tout à coup on sent qu'un éclair parcourt plus ou moins l'assemblée. vous devenez alors l'objet d'une attention que je trouve personnellement un peu malsaine -une envie jalouse ?- (à tort ou à raison ?) on a parfois l'impression d'une inadéquation, inadéquation qui parfois vous donne l'impression, dans certains contextes, d'être une nouille de "classique en tutu qui chante avec une voix de castra" (sic) ou inversement d'être face à "un mélomane lambda plutôt incapable de ses mains, donc nul dans son ensemble." on voit alors souvent des soupirs, des yeux qui regardent dans les espoirs du passé... selon les générations, cela s'accompagne de plus ou moins de préjugés et/ou de réactions plus ou moins violentes "le piano c'est pour les filles" ai-je pu entendre un jour.
il y a cinquante ans, un enfant dans l'adolescence qui émettait l'envie d'explorer l'art créait des réactions violentes : claques, évanouissement maternel, répudiation et déshéritement, opposition et redirection vers un "vrai" métier. de nos jours, la donne est différente, voire chamboulée avec les "stars", la culture actuelle et les médias : cf un des pires exemples : srednaS ydniC !!! (ne lui offrons pas le vicieux plaisir d'être référencée)
toutes sortes de questions sortent, dont quelques-unes assez fréquentes :
"depuis combien de temps jouez-vous ?" suivi, parfois, d'un rapide "vous avez dû commencer jeune..." (le culte de la jeunesse : si le bébé en sortant de sa mère pouvait jouer les études transcendantales de Liszt SVP !)
ou :
"combien de temps jouez-vous par jour ?" (ahah, j'adore cette question qui fait penser à cette maxime : "on devient forgeron en forgeant" et à ce trait d'esprit : "on reconnaît un bon pianiste à la colle qu'il utilise pour rester à son siège)
oui, bien sûr que le sentiment est bon, et oui, il est agréable de se faire mousser
"oooh ouiii, et j'ai gagné le troisième prix du concours de piano de Brest catégorie Z en 2011 !" ---> "oooooh !!" (ou bien était-ce en 2012 ? jsais plus... et puis à moins d'avoir le premier prix à l'unanimité et félicitations du jury ainsi que la bise du jury, je vois pas de quoi s'en vanter ^^' )
autre question fréquente :
vous voulez en faire votre métier ? alors comment vous faites ? vous intégrez un orchestre ? ou vous donnez des cours ?
voici les mot-clés qui sortent facilement. oui, quand on connaît le métier, cela peut faire sourire. ou énerver à force ^^
donc : oui je souhaiterais en faire mon métier. même si
1) l'époque actuelle ne me semble pas propice (quoique la WWI -une période enchanteresse- n'avait pas empêché Cocteau, Satie et Picasso de produire Parade, le spectacle-scandale de l'époque !)
2) je refuse de perpétuer la façon grotesque qu'on a de présenter la musique classique. allez, fais-nous un beau programme d'une heure et quart en sortant des pièces du catalogue de la musique. "je vous prendrai 500 grammes de Schubert et 200 grammes de Chostakovitch. -et mes Chopins ? ils sont faits du jour, ils ne vous tentent pas ?" ça me déprime d'avance !! j'aimerais créer des projets pluridisciplinaires (j'ai quelques idées), car il me semble que la musique doit être "mise en scène" si on veut la partager avec le plus grand nombre.
oui, la musique nue, sans oripeaux, est merveilleuse -c'est là qu'elle est la plus belle ; seulement, je trouve que cela ne fonctionne pas dans la majorité des concerts.
passons
en piano, il est rare d'intégrer des orchestres. oui, il existe du répertoire (notamment les russes ou la musique plus moderne qui l'incluent...) pour piano dans l'orchestre. encore que la vision des gens quand ils évoquent le piano à l'orchestre doit être, j'imagine, la place du soliste. là, on nage en pleine divagation -c'est les vacances, on est face à un pianiste qui doit forcément jouer du Chopin, on a le droit de rêver !- sauf que si on réfléchit ah oui les pianistes semblent surnuméraires, les orchestres périclitent partout en Europe faute d'argent et de toutes les façons tout le monde se contrefiche d'entendre un concerto de Brahms ou de Chopin !! c'est que, voyez-vous, ça coûte 10 euros la place, 7 en tarif réduit, mieux vaut aller au ciné, le concerto est inclus dans la scène du baiser, et encore, on en a coupé les passages chiants !
ahah, je suis trop cynique ^^ ... en vrai, j'essaie de garder mon audace et mon imagination intacte, sans cracher sur le public sans lequel nous ne serions rien autrement ! car oui, je le crois, la musique classique plus que tout autre art a besoin d'audace et d'imagination -ne serait-ce que pour se sortir de son puant étiquetage de catalogue !
enfin, oui, donner des cours est la voie la plus "classique" et majoritaire du métier (il faut manger pour vivre...) en empruntant la voie "royale" qui fait fantasmer les musiciens : obtenir son master au conservatoire, puis entrer en C.A. (Certificat d'Aptitude) -chose non-aisée- soit à Paris soit à Lyon et en sortir après quelques années de labeurs (de 2 à 5 ans, avec des formations contestées dans le métier. l'entrée est difficile d'après ce que je sais, pour la sortie pas d'info ? et pour la candidature libre... c'est comme Capri ! c'est fini ! si j'ai bien compris !) pour ensuite passer le CNFPT ! le Concours National de la Fonction Publique Territoriale ! yeeah ! on va évaluer si vous êtes aptes à porter un projet pédago-artistico-métaphysico-spiritualo-sportivo-etcetero... si vous ne dites pas de bêtises, ça devrait bien se passer ! ensuite, le CNFPT "obtenu" il vous faudra trouver un job dans un établissement (dans les régions et agglomérations qui n'accepteront bientôt plus les "grade A" ?) dans l'année qui suit l'obtention du CNFPT faute de quoi, vous serez bon pour repasser ce concours ! si vous êtes pris, vous devriez être titularisé au bout d'un an ?
heureusement, il existe beaucoup de chemins de traverse et autres recours, formations, et j'ai déjà pu voir des personnes avec des parcours très différents !
on parle aussi de donner des cours en libéral... mais euh ? youhou ? vous savez qu'on est en France ? à moins d'avoir une centaine d'élèves et d'autres ressources, il ne reste rien de vos sous une fois les charges payées ! yeeah ! vive le travail en France !
oui bien sûr, on peut présenter les choses comme ça et noircir le tableau. mais en général, ça ne donne rien de constructif !
je le pense, il faut inventer des projets audacieux et imaginatifs et bien les construire ! l'idéal serait de faire cohabiter le rêve et la réalité !
pour ma part, j'ai quelques projets que d'aucuns jugeront farfelus.
- créer un évènement de dégustation culinaire avec les 12 croquembouches pour piano de Delvincourt
- un programme de concert à "visée familiale" articulant pièces du répertoire pianistique et quelques mots d'humour et d'esprit.
- un projet pédagogique "idéal" : libéral avec associés : une école qui proposerait des cours de piano, violon, chant, musique de chambre (sonate) théâtre/improvisation corporelle en incitant les élèves à faire le plus de disciplines pour diriger des personnes dans des ambitions artistiques du spectacle : connaître sa partie, connaître les difficultés de l'autre, pouvoir inclure l'autre dans son jeu (peu évident pour des jeunes qui n'y sont pas habitués) et avoir une aisance de prestance sur scène
- créer une édition de travail "progressive" sur les pièces du répertoire en montrant les possibilités d'étapes (mélodie, mélodie + basse, explication de la forme, etc...)
- des projets de programme, de mise en scène de concerts/spectacle : concert en plein air, concert-flash en école, en plein air. un concert sur Ravel avec danseurs (scénographie humouristique et poétique sur Gaspard de la nuit et chorégraphie sur le tombeau de Couperin) projet de concert incluant la vidéo, projet de concert explorant les possibilités de médias pour expliquer rapidement ou "immédiatement avec la musique" le propos, projet de concert interrogeant l'écoute, la posture de l'auditeur. j'ai projeté également de proposer un concert dans le cadre du naturisme ! (car c'est quelque chose qui m'attire personnellement, en outre, je n'aime pas porter des tas d'habits qui m'étouffent en jouant...)
après l'air de la Belle Hélène, "il nous faut de l'amour", d'Offenbach :
Felicity Lott chantant "il nous faut de l'amour" d'Offenbach
il nous faut de l'audace et de l'imagination ! ^^
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